Les médias, Le Monde du 20 janvier et Libération du 21 janvier, « La terre au carré » sur France Inter le 26 janvier, relaient depuis quelques jours la controverse scientifique autour du déclin des insectes en relation avec la publication des résultats de van Klink et al. dans la revue Science en 2020, suivie par la réponse de Desquilbet et al. dans la même revue.
Or, est-il besoin de compter encore et que compter ?
Un nombre important de travaux scientifiques documente les agressions multiples qui affectent directement les populations d’insectes.
Le processus est enclenché depuis la deuxième moitié du XXe siècle. Les entomologistes de la Société entomologique de France et de l’ensemble des associations naturalistes regroupées au sein du Réseau national des associations françaises d’entomologistes, observent tous les jours l’absence des populations abondantes qu’ils pouvaient rencontrer dans le dernier quart du XXe siècle. Les agressions subies par les populations d’insectes découlent de nombreuses activités humaines. L’usage récurrent de pesticides de plus en plus agressifs pour les insectes comme pour l’environnement en général, impacte les espèces ciblées, mais aussi des pans entiers de l’entomofaune vivant en périphérie des zones cultivées et dans les milieux aquatiques. La suppression pure et simple de surfaces considérables de zones humides, de nombre de milieux naturels et la stérilisation de nos plages sableuses ont de facto entrainé la disparition d’un nombre incalculable d’insectes. Et ces atteintes irréversibles à l’environnement ont été renforcées par l’industrialisation des milieux naturels, comme les prairies d’élevage, la forêt privée ou du domaine national, les milieux de montagne soumis au tourisme d’hiver et l’introduction d’espèces exotiques.
La Société entomologique de France souhaite vivement que le programme de surveillance de la biodiversité renforce le suivi des insectes. Il est indispensable de développer des outils de suivi des populations d’insectes qui n’intègrent pas seulement les espèces commettant des ravages ou les espèces reconnues comme sensibles en termes de conservation (espèces protégées ou menacées), mais aussi des espèces répandues et indicatrices du bon état des écosystèmes. La Société entomologique de France, lieu de rencontre des communautés amateurs et professionnels de l’entomologie, participera sans réserve et dans la mesure de ses moyens à ce développement.